Claude et François-Xavier Lalanne: Hommage à François-Xavier Lalanne
Depuis leur première exposition en 1962 chez Jeanine Restany, puis par la suite, chez Alexandre Iolas jamais les Lalanne n’ont exposé séparément bien que l’œuvre de chacun soit tout à fait différente. Un fil sensible relie l’un à l’autre leur différence pour constituer à la vue du spectateur un harmonieux hommage à la nature et à la beauté.
Dans le très important ouvrage que Daniel Abadie vient de consacrer aux Lalanne (Edition Flammarion) ce dernier écrit « le travail de Claude Lalanne, tout comme celui de François-Xavier Lalanne, possède d’évidence, sous la signature commune, son identité spécifique – réelle confusion possible entre leurs approches si différentes de la sculpture – moulage et assemblage pour elle, dessin et construction pour lui – ni entre leurs univers – classique et architecture pour François-Xavier, organique et baroque pour Claude. Pourtant, aux yeux du grand public, l’unité de signature a pendant longtemps suffi à rendre leurs œuvres indissociables, comme sorties d’un unique moule. » .
Claude Lalanne expose un plus petit nombre de sculptures récentes mais qui révèlent avec bonheur sa grande vitalité créative, si l’on en juge par le très grand Choupatte ou la banquette Crocodile en particulier. Avec le grand succès de la vente de la collection Yves Saint Laurent et Pierre Bergé le monde a découvert la place que les Lalanne occupaient auprès d’eux et au cœur des chefs d’œuvres réunis au cours de leur vie. Ainsi le nom de Lalanne associé à ceux des plus grandes artistes de l’art moderne a-t-il été consacré définitivement.
C’est donc un grand privilège de pouvoir exposer ces sculptures empreintes de la même magie que celles de leurs débuts où les jeux entre l’usage et la forme, le lyrisme et la rigueur, le végétal et l’animal, trouvent un équilibre qui exprime la part la plus sensible de l’œuvre des Lalanne, l’émotion la plus pure devant les beautés de la nature convoquée par l’art.
François-Xavier écrivait un jour (cité par sa fille Dorothée Lalanne dans le livre de Daniel Abadie) : « S’il existe une planète ou les végétaux se meuvent sur des pattes, l’on pourrait voir l’herbe s’y enfuir à l’approche d’une vache. A moins que sur cette terre là, les animaux ne soient enracinés comme l’est l’huître à son rocher. Du coup le fixe se saisirait du mobile, ainsi fait la plante carnivore. C’est alors que l’animal serait le végétal. Nous vivons peut-être, à la fin du compte, sur une autre planète ».
Ces mots résument l’univers des Lalanne et le surréalisme vivant qui habite leur œuvre.