Allan McCollum: Perfect Couples & Shapes Spinoffs
Aujourd’hui internationalement reconnu, Allan McCollum est l’un des artistes post-conceptuels à la fois les plus singuliers et les plus marquants de notre époque. Son œuvre se caractérise par un recours systématique à une production en très grand nombre d’œuvres uniques. Qu’il s’agisse de sculptures, de dessins ou de photographies, chacune de ses œuvres forme des « collections », allant de quelques objets à plusieurs milliers. Malgré l’apparente massification de sa production, McCollum préserve l’unicité de chaque élément en le différenciant de son ensemble par de subtiles variations.
The Shapes Project, qui a déjà fait l’objet d’une exposition à la Galerie Mitterrand en 2013, est sans doute le projet le plus ambitieux d’Allan McCollum à ce jour. En 2005, l’artiste a créé un système qui « [lui] permet de fabriquer suffisamment de formes uniques pour que chaque personne sur la planète possède la sienne ». À partir de la combinaison de 4 répertoires comprenant chacun 144 patrons différents (partie haute droite, partie haute gauche, partie basse droite, partie basse gauche) et 2 répertoires de 12 patrons (parties intermédiaires droite et gauche), ce protocole peut générer jusqu’à 31 milliards de formes uniques. L’artiste reconnaît lui-même que « le système est aujourd’hui en place, mais le projet de construire toutes les Shapes est bien trop large pour qu’[il] puisse le mener à bien seul, ou même qu’[il] puisse le terminer de [son] vivant. C’est pourquoi [il] l’organise de façon à ce que d’autres puissent le continuer en [son] absence ».
En pratique, The Shapes Project peut être matérialisé sur des supports de natures diverses et de tailles variables. Après avoir présenté en 2012 les Shapes Monoprints, œuvres « génériques » du projet, la Galerie Mitterrand présente deux nouvelles formulations avec les Perfect Couples et les Shapes Spinoffs. Pour la série des Perfect Couples, Allan McCollum a réalisé des formes en bois peintes de différentes couleurs et les a associées par paires. Cette idée de « couple », présente dans des œuvres antérieures de l’artiste, anthropomorphise les Shapes et met l’accent sur l’idée de la relation entre individus. Les Shapes Spinoffs, réalisés en Allemagne, sont des sculptures en bois de frêne faites à la main à l’aide d’un tour à bois. L’utilisation d’une technique traditionnelle d’ébénisterie constitue un véritable défi à la réalisation des centaines de pièces qui composent cette série. Dans les séries les plus récentes de The Shapes Project, le recours à un artisanat généralement vernaculaire confère une typicité et un régionalisme aux œuvres et suggère, par extension, une réflexion sur l’identité et la communauté.
Allan McCollum est né en 1944 à Los Angeles (Californie). Il vit et travaille à New York. Ses œuvres sont présentes dans les collections de plus de 70 musées, tels que le Centre Pompidou ; le FNAC-CNAP ; le MoMA, NY ; le Musée Guggenheim, NY ; le Metropolitan Museum of Art, NY ; le Whitney Museum, NY, etc. Son travail a fait l’objet de nombreuses expositions personnelles notamment au Portikus Frankfurt, Allemagne (1988), au Stedelijk Van Abbemuseum, Eindhoven, Pays-Bas (1989), au Rooseum Center for Contemporary Art, Malmö, Suède (1990); à la Serpentine Gallery, Londres, Royaume-Uni (1990) ; au Sprengel Museum, Hanovre, Allemagne (1995–96) ; au Musée d'Art Moderne, Villeneuve d'Ascq, Lille, France (1998) ; au MAMCO à Genève (2006). Actuellement, son travail est aussi présenté à la galerie michèle didier jusqu’au 18 juin 2016 dans une exposition réalisée en binôme avec l’artiste français Claude Rutault.