Niki de Saint Phalle: Nanas 60s - 90s
Niki de Saint Phalle est une artiste d'origine franco-américaine qui commence sa carrière comme peintre en 1950. Son travail s'oriente très rapidement vers les assemblages, les reliefs et la sculpture. En 1961, elle devient membre du groupe des Nouveaux Réalistes aux côtés d'autres signataires prônant l'appropriation directe du réel tels que Pierre Restany, Yves Klein, Arman, Jean Tinguely, Daniel Spoerri, Mimmo Rotella ... Restany parle d'un « recyclage poétique du réel urbain, industriel, publicitaire » (in 60/90. Trente ans de Nouveau Réalisme, édition La Différence, 1990, p. 76). L'oeuvre de Niki de Saint Phalle évolue au fil des ans et se peut se découper en trois périodes distinctes. Les Tirs du début des années 60, performances durant lesquelles l'artiste et les spectateurs sont invités à tirer à la carabine sur des assemblages d'objets trouvés et de poches de peinture colorée recouverts de plâtre. Puis, dès 1965, des sculptures féminines, rondes et sexy qu'elle appelle les Nanas. Enfin, son art se déplace vers l'extérieur avec des grandes sculptures aux couleurs chatoyantes et brillantes, souvent monumentales et en collaboration avec Jean Tinguely : Le Cyclop à Milly-la-Forêt en 1969, La Fontaine Stravinsky à côté du Centre Pompidou à Paris en 1983 ou encore son chef d'oeuvre auquel elle consacre les vingt dernières années de sa vie : Il Giardino dei Tarocchi (Le Jardin des Tarots) au sud de la Toscane (Italie) inauguré en 1998.
A l'occasion de cette exposition, la Galerie Mitterrand présentera un parcours à travers les célèbres Nanas, des années 60 aux années 90. Inspirée par le corps arrondi de son amie Clarice Rivers alors enceinte, Niki de Saint Phalle réalise, à partir de 1965, des sculptures de femmes blanches, noires, jaunes, aux formes généreuses, ornées de motifs décoratifs très colorés (principalement des fleurs et des coeurs). Au départ faites de tissus et de fils montés sur des carcasses métalliques, les Nanas deviendront de plus en plus sophistiquées. Leurs formes évoquent les Vénus du Paléolithique avec de petites têtes sans visage et des corps imposants. Parfois réduites à de simples troncs comme dans la Nana boule (orange) de 1966-67, elles sont petit à petit plus graciles, retrouvent leurs jambes, grâce à l'utilisation de la résine de polyester qui permet plus de possibilités. A titre d'exemple, Dawn, réalisée en 1993, est une femme toujours généreuse mais avec un corps en mouvement, virevoltant sur un pied et défiant les lois de l'équilibre. Les Nanas de Niki de Saint Phalle, monumentales ou miniatures, plutôt rugueuses ou plutôt lisses, sont aujourd'hui la signature de l'artiste, reconnaissable dans le monde entier. Elles sont le reflet d'une nouvelle vision de la femme apparue dans les années 60, des images fortes d'une féminité et d'une maternité triomphantes. En 1974, les Nanas investissent pour la première fois l'espace public avec la commande de trois Nanas géantes par la ville de Hanovre. Ailleurs, La Grande Tempérance et L'Ange Protecteur veillent respectivement sur les habitants de la ville de Luxembourg et sur les voyageurs de la gare de Zurich depuis les milieu des années 90.
Niki de Saint Phalle est née à Neuilly-sur-Seine (France) en 1930 et décédée en 2002 à San Diego en Californie (Etats-Unis). Après avoir été élevée à New York où sa famille s'établit au début des années trente, elle commence à peindre en autodidacte au début des années 50 et retourne s'installer en Europe. Elle présente une première exposition de peintures à St Gallen (Suisse) en 1956. A partir des années 60 débute une longue et productive collaboration avec le sculpteur Jean Tinguely qui deviendra son mari. En 1965, ce sont ses Nanas qui sont pour la première fois exposées à New York et Paris. Niki de Saint Phalle bénéficie d'une première rétrospective au Centre Pompidou à Paris dès 1980. Suivront de nombreuses autres dans le monde entier : à Bonne en Allemagne (1992), au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris(1993), au Mingei International Museum San Diego (1998), au MAMAC Nice (2002), au Daimaru Museum Umeda, Japon (2006), au Moderna Museet, Stockholm, Suède (2013) ... Les oeuvres de Niki de Saint Phalle sont présentes dans les plus prestigieuses collections muséales : Centre Pompidou, Paris, Musée d'Art moderne de la Ville de Paris, Moderna Museet, Stockholm, Tate Gallery Londres, Hirshhorn Museum and Sculpture Garden à Washington D.C., Metropolitan Museum of Art, New York, Whitney Museum of American Art, New York, Israel Museum, Jérusalem, National Museum of Art, Osaka, Musée National d'Art Moderne de Séoul, Stedelijk Museum, Amsterdam ... Entre 2000 et 2002, le Sprengel Museum d'Hannovre (Allemagne) et le MAMAC Nice (France) ont reçu d'importantes donations de l'artiste. C'est dans ces institutions que l'on trouve le plus grand nombre d'oeuvres de Niki de Saint Phalle.