Group Show: Objects

16 Septembre - 13 Octobre 2011 Temple
Vues de l'exposition
Communiqué de presse

En 1913, en insérant une roue de bicyclette sur un tabouret, Marcel Duchamp redéfinit de manière radicale le statut de l'oeuvre d'art et ouvre un vaste champ de possibilités à tous ses successeurs.

Ainsi est né le ready-made qu'André Breton définira comme un « objet usuel promu à la dignité d'oeuvre d'art par le simple choix de l'artiste ». Ce concept duchampien désacralise à la fois l'oeuvre en la renvoyant au monde des objets ordinaires mais également « la main de l'artiste » qui n'intervient plus directement dans l'élaboration de l'oeuvre. Duchamp ne s'intéresse plus à la perception rétinienne de la tradition picturale, mais plutôt à la réflexion intellectuelle que ses ready-made provoquent chez le spectateur.

En héritiers de la révolution duchampienne, les artistes américains du mouvement Pop Art et leur pendant français, les Nouveaux-Réalistes, vont placer l'objet au coeur de leur production artistique, à la fois moyen d'expression et symbole d'une société prônant la consommation de masse. Des artistes comme Claes Oldenburg, Andy Warhol et Roy Lichtenstein vont orienter paradoxalement leur oeuvre vers une critique et une proclamation de la marchandisation du monde. On trouve un large éventail d'objets allant de la très populaire Campbell Soup (1962) aux luxueux flacons de parfum chez Warhol (Perfume Bottles, 1985) alors que Claes Oldenburg produira des sculptures caricaturales de Hamburgers, Ice Creams et autres gateaux (Study for Giant Cake, 1963). Différemment de chez Duchamp ou les Nouveaux-Réalistes, les artistes du Pop Art n'introduisent que rarement l'objet tel quel dans leurs oeuvres. Ils privilégient la copie, l'imitation de l'objet quotidien.


Au contraire, les Nouveaux Réalistes feront de leur pratique une utilisation permanente de l'imagerie et de l'objet de masse. Dans leur déclaration inaugurale, ils définissent leur approche de manière limpide : « Nouveau réaliste = nouvelle approche du réel ». Si tous les artistes réunis dans ce mouvement ont des démarches bien différentes, ils partagent néanmoins une appropriation revendiquée des objets qui les entourent. Comme l'affirmait Martial Raysse, « les Prisunics sont les musées d'art moderne ». Ainsi, Arman produit des sculptures par accumulations d'objets comme le montre Barbecube (1970) qui est symptomatique des débuts de la standardisation des appareils électriques. C'est aussi le cas chez Gérard Deschamps qui accumule des sous-vêtements sur des toiles (Sans-titre, 1960) et nous renvoie ainsi au début du prêt-à-porter à très grande échelle. D'autres artistes comme Daniel Spoerri s'entêteront à assembler méticuleusement des objets (Instrument chirurgical lumineux, 1989) ou, chez Jean Tinguely, à jouer poétiquement avec des objets assemblés en machine précaire (Lampe Coq, 1973).

Ces méthodes d'appropriation et de détournement des objets réels font désormais parti du vocabulaire de tous les artistes évoluant à la fin du XXème et au début du XXIème siècle. Des artistes majeurs comme Mike Kelley, John Miller, Tony Oursler ou encore Laurie Simmons ont utilisé des objets révélateurs de tensions socio-psychologiques importantes dans des mises en scène ou des oeuvres témoignant de l'aliénation des sociétés hyper-consuméristes.

L'exposition Objects présentée à la JGM. Galerie du 16 septembre au 13 octobre est l'occasion de redécouvrir cette histoire récente de l'objet dans l'histoire de l'art à travers des oeuvres majeures provenant de diverses collections particulières.