PETER KOGLER - DIRIYAH ART FUTURES

26.11.2024 > 15.02.2025
« L'informatique est une techno-logie, c'est-à-dire une technique qui est aussi un langage », a déclaré Edmond Couchot, pionnier de l'art génératif. Depuis le début des années 1960, mais surtout au cours des deux dernières décennies, de nouvelles pratiques artistiques ont émergé parallèlement à la diffusion de la technologie numérique. Les artistes avaient besoin d'un nouveau support pour exprimer leur vision d'un monde en mutation rapide, où les ordinateurs devenaient un élément clé de la vie quotidienne. C'est ainsi qu'est né l'art computationnel.
 
Depuis, l'ordinateur n'est pas seulement devenu un outil pour l'artiste, mais a établi un véritable langage créatif à part entière. Les artistes que nous présentons ici ont tenté de libérer ce langage de ses fonctions de communication pour en faire une plate-forme poétique. En utilisant des algorithmes et la générativité pour développer de nouvelles formes et couleurs, des artistes comme Vera Molnár, Manfred Mohr, Ryoji Ikeda et Refik Anadol ont repoussé les limites des arts visuels, ouvrant de nouveaux territoires à explorer.
 
En 1985, le philosophe français Jean-François Lyotard a organisé l'exposition révolutionnaire Les Immatériaux au Centre Pompidou à Paris, montrant comment les technologies de télécommunication, en perpétuel mouvement et basées sur l'immatérialité, commençaient à influencer tous les aspects de la vie et de la création, propulsant l'art dans l'ère postmoderne. Aujourd'hui, alors que le monde entier travaille avec l'IA et que l'ordinateur se métamorphose en notre inséparable compagnon, les artistes informaticiens exposent leurs œuvres dans tous les grands musées du monde.
 
Basée sur la collection d'art numérique de Guy Ullens, cette exposition a pour but de présenter un aperçu des pratiques artistiques historiques et actuelles d'artistes internationaux de premier plan qui partagent l'utilisation de la technologie informatique, y compris des artistes saoudiens majeurs tels que Muhannad Shono. Nous voulons montrer comment les pionniers d'hier et les figures émergentes d'aujourd'hui dépeignent une histoire significative de l'évolution de l'homo digitalis, la nouvelle civilisation humaine dont nous faisons l'expérience. Ensemble, ces œuvres démontrent que la technologie informatique est un véritable médium artistique, ouvrant une infinité de possibilités visuelles, et non une école expérimentale ou un mouvement artistique temporaire. Nous voulons caractériser certaines des spécificités de ce nouveau médium : comment cette palette numérique a placé le spectateur au cœur de l'expérience artistique et comment elle manifeste le rêve d'une œuvre d'art illimitée, proche d'une création organique - un art doté d'un système nerveux.
 
En 1956, le pionnier de l'art robotique Nicolas Schöffer déclarait : « Désormais, le rôle de l'artiste n'est plus de créer une œuvre, mais de créer la création. » Les artistes d'aujourd'hui jouent avec des algorithmes sophistiqués, des techniques d'apprentissage automatique et des intelligences artificielles capables d'interpréter des images, de reconnaître des visuels et de produire des formes. Ces œuvres soulèvent plusieurs questions. Le processus créatif de l'art computationnel est-il de nature artificielle, ou une extra-nature comme le suggère Miguel Chevalier ? L'IA évolue-t-elle d'un assistant idéal à un véritable artiste ? Quel est l'avenir du cerveau humain face au Big Brain ? Quelles sont les limites de l'imagination artificielle ? En posant ces questions et en y répondant, les artistes informaticiens peuvent nous aider à mieux comprendre les enjeux de notre monde de plus en plus numérique.
 
Commissaire: Jérôme Neutres
Novembre 29, 2024