Allan McCollum: Drawings
Depuis les années 70, Allan McCollum a développé des systèmes de production de masse qui lui ont permis d’analyser et de critiquer le statut de l’œuvre d’art. Traditionnellement défini par des critères de rareté ou d’unicité, la production artistique chez McCollum se déploie de façon exponentielle jusqu’à imiter la production industrielle. Comme l’explique l’artiste : « Les artistes semblent accepter, sans se poser de questions, d’avoir pour destin de produire des objets rares – des objets pour un usage exclusif. C’est d’après moi la raison pour laquelle l’activité avant-gardiste reste coupée du grand public.[1] » Ainsi, les séries Surrogate Paintings (1978), les Plaster Surrogates (1982), Individual Works (1987) jusqu’à sa série la plus récente, The Shapes Project (depuis 2005), sont autant de séries regroupant de larges ensembles de centaines, de milliers et parfois même de milliards d’éléments. Dans sa présentation de The Shapes Project, l’artiste écrit : « Ce système me permet de fabriquer suffisamment de formes uniques pour que chaque personne sur la planète possède la sienne. Cela me permet aussi de garder une trace de ces formes pour m’assurer que deux d’entre elles ne seront jamais identiques. » Ce dernier point est l’un des paradoxes de la sérialité chez McCollum : si ses séries sont produites massivement, il n’empêche que chacune des œuvres est unique. On trouve donc d’un côté une critique institutionnelle de l’art et de l’autre un rejet de la standardisation des objets de consommation et de la vie quotidienne.
La série des Drawings constitue la première étape qui a conduit Allan McCollum à son projet titanesque The Shapes Project. Initié en 1989, cette série réunie des milliers de dessins de formes abstraites noires sur fond blanc. A partir d’un répertoire de formes simples dessinées par l’artiste, une vingtaine d’assistants ont produit à la main des centaines de variations et de distorsions afin d’obtenir une multitude de dessins qui ne se répètent jamais. Ainsi, chaque dessin de la série est une œuvre unique. La masse devient ici un ensemble d’éléments uniques qui ne diffèrent les uns des autres que par d’infimes variations. La première présentation de cette série eut lieu à la John Weber Gallery à New-York en 1989. Elle fut ensuite montrée dans plusieurs institutions telles que le Museum of Modern Art de New York en 1992, le Centre d’art contemporain de Genève en 1993 ou encore le Musée d’Art moderne de Lille Métropole en 1998. La JGM. Galerie présente pour la première fois cette série à Paris. C’est également l’occasion pour le public parisien de redécouvrir le travail d’Allan McCollum après sa dernière exposition personnelle de 1990 !
Les œuvres d’Allan McCollum figurent aujourd’hui dans les collections des plus importants musées du monde tels que le Museum of Modern Art (New York), le Whitney Museum of American Art (New York), le Metropolitan Museum of Art (New York), le Musée National d’Art Moderne, Centre Georges Pompidou (Paris), Le Musée d’art moderne et contemporain de Genève (Suisse), Le Castello di Rivoli (Italie), etc.
[1] « Allan McCollum interviewed by Thomas Lawson », 1992, publication originale A.R.T. Press, Los Angeles, 1996